Depuis 1995, je réussis, acrobatiquement , à livrer chaque année un film à Canal+.
(1) Cyberix, Sextet, Concupiscence, 24 heures d’amour, Exhibitions 99, Sex dreamers, XYZ Antoine et Marie, Le principe de plaisir, French Beauty, Ally, Xperiment, Une nuit au bordel, Elixir, Inkorrekt(e)s, Ludivine, Montre-moi du rose, Dis-moi que tu m’aimes, Mangez-moi, Gonzo mode d’emploi, Des filles libres. https://www.explicite-art.com/john.php
Ca se passe assez simplement puisque le responsable des programmes adultes de la chaîne me connait depuis bientôt vingt ans et que je ne lui ai jamais livré un produit bâclé. Je lui envoie le scénario ou le descriptif du projet, il me donne son accord. Je cherche les sous ( en général, je les emprunte ), je tourne, je monte, je livre, je suis payé. Combien ? Je n’ai rien à cacher. Entre trente et quarante mille euros selon le projet. Pour ceux qui ne sont pas du métier de l’audiovisuel, ça peut sembler une belle somme. En fait, c’est terriblement peu pour un film scénarisé d’une heure trente. Même en ne me payant pas ( ni pour le scénario, ni pour la réalisation, ni pour le montage ), même en payant les actrices, acteurs et techniciens le strict minimum, en mendiant des ristournes à Loca Images, notre fournisseur de matériel et aux propriétaires des décors que nous louons, même en ayant Patrick, le meilleur directeur de production du monde pour m’aider, même en tournant en cinq jours à toute allure, je ne suis jamais parvenu à équilibrer un budget et à faire tenir l’un de mes films dans une enveloppe aussi riquiqui. Je produis donc mes « gros » films à perte. Mais ils servent ma société en faisant parler de nous et, en général, on réussit à retomber sur nos pieds, après la première année, avec quelques ventes à l’étranger et à d’autres chaînes.
Au printemps 2012, pour la première fois de ma carrière, je suis parvenu à faire un film « raisonnable », c’est à dire un film qui n’a pas coûté plus que le montant du chèque de la chaîne. C’est Claire, mon assistante de l’époque, qui m’en a soufflé l’idée. « Gonzo mode d’emploi » était un documentaire d’une heure trente, un super making-of qui la montrait au travail dans le Sud, en train de réaliser des scènes « gonzo » pour internet avec quatre actrices (Jessie Volt, Tiffany Doll, Nikita Bellucci, Jasmine Arabia) et trois acteurs (Titof, Mike Angelo, Tristan Lust). https://www.explicite.com/regarder-la-video/gonzo-mode-d-emploi-la-bande-annonce-hard-194.html Le film a eu du succès. Il a été projeté dans des festivals de cinéma, acheté par de nombreuses télés, jusqu’au Brésil et en Corée du Sud.
Du coup, en 2013, j’ai eu envie de remettre le couvert dans le genre documentaire et de faire un portrait de mes actrices préférées. Mais le responsable a refusé. Cette fois, il voulait une fiction. J’étais coincé. Une fiction ? Avec au moins sept ou huit scènes de sexe, de la comédie, des décors, une équipe ? Inutile d’ouvrir un tableur Excel, je savais parfaitement que ça ne passerait pas économiquement. Pas cette année. J’ai tout de même posé quelques idées sur le papier. Premier impératif : tourner dans la maison du Cap. Donc un huis-clos ici, autour de cette piscine, dans les chambres et sur les terrasses. Ensuite. Voyons… Si j’avais eu des sous, de quoi aurais-je eu envie de parler ?
On ne raconte bien que ce que l’on connait. Un film sur la déprime et les envies de suicide ? J’avais déjà fait ça avec « Ludivine ».
Sur la mort ? Eros et Thanatos ? J’avais fait « Mangez-moi » en 2011
et « Xperiment » dix ans avant.
Bon. Alors un film sur la méditation ?
Pas très érotique et trop difficile à mettre en images. Un film sur le libertinage qui se passerait au village naturiste ? Impossible, je n’aurais jamais les autorisations. Un film sur un gars tout seul qui pète dans sa piscine pour en faire un jacuzzi parce qu’il est incapable de trouver une bonne et simple idée pour un porno ? Allez, branlette de neurones… … Branlette ?.. Ah mais tiens, justement, avec quoi je m’offrais des plaisirs solitaire, ce printemps-là ? Avec des filles en webcam. C’est même comme ça, en cherchant une camarade de jeu, que j’avais recruté la petite Lily Phoenix (aka Lily Francesca). La webcam. C’était un bon sujet pour un film. Et un sujet encore neuf, me semblait-il. J’ai donc rédigé un projet que j’ai envoyé au responsable de la chaîne. Qui l’a accepté. Titre du bébé, choisi par lui: « Des filles libres ».
Ca, c’était fait. Mais ça ne servait pas à grand-chose puisqu’il n’y avait pas un sou dans la caisse et que j’étais parfaitement incapable de financer la moindre production. On était fin Juillet. Si je voulais tourner en profitant des extérieurs, avant que l’automne et le froid n’arrivent, il me fallait un miracle. Je me suis donc replongé dans la méditation, sans résultat notable. Je n’arrivais même pas à convaincre une simple fleur de s’ouvrir en me concentrant sur elle, alors comment auriez-vous espéré que j’empêche les bateaux de couler ?
Ca suffit pour aujourd’hui. Le moment présent m’appelle (à tarte).
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