Vas-y Asia, on t’aime, montre-nous ce que tu sais faire.
Ah. Ca fait du bien.
Je vous connais, amis lecteurs, surtout vous qui me suiviez déjà à l’époque de www.inkorrekt.com. Vous vous dites : « bon, on est contents que Biroute se remette à épistoler mais, pour le moment, son gloubiboulga est plutôt anecdotique et promotionnel…. On attend l’intime. » Ca vient, laissez-moi le temps de faire mon hyper-ventilation et profitez-en pour mettre votre masque et vos palmes. On plongera peut-être ensemble en apnée pour aller caresser les poulpes géants, tout au fond. Peut-être. Pas sûr.
Fin 2013. J’avais livré mon travail. Et, du même coup, j’avais perdu ma protection. Eh oui, avoir un projet, un but, une mission, ça aide à ne pas se poser de questions. On s’abrite derrière la charge à porter, comme un mulet avec ses oeillères, on joue les opprimés, on fait son Calimero, on laisse parler son corps de souffrance : « Oh, comme c’est dur, tout ce labeur sur les épaules d’un seul homme… Je suis une victime ». Mais quel confort ! Pendant tout ce temps, on laisse les choses, les faits nous conduire. On ne pense pas, on ne décide pas. On est à l’abri de la vie puisqu’on n’est pas libre. Illusion. On est toujours libre et c’est vers Noël, soudain, que cette protection de l’esclavage a cessé de fonctionner. Je me retrouvai vide, sans planning, sans rien de plus à livrer, sans urgence, sans alibi. On n’avait pas déposé le bilan mais ma boîte allait toujours mal et, malheureusement, j’avais du temps pour y penser. A cette époque, Virginie, ma sorcière personnelle m’a dit : » Jean, il vous faut huit heures de méditation par jour. Sinon, vous courez à la catastrophe. »
« Le pouvoir du moment présent » de Ekhart tolle. « Aimer la vie » de Osho, « Je suis » de Nisargadatta Maharadj. « Les quatre accords toltèques » de Miguel Ruiz, Thich Nhat Hanh… Vous méditez, vous? Vous devriez. Quand on médite, on comprend que l’univers est fait de joie, de beauté, d’amour, de métissage et de créativité. Regardez un chat qui joue, une lionne avec ses enfants, des mouettes dans le soleil couchant, une maman dauphin avec son nouveau-né, un coquillage, une fleur qui éclôt, la danse matrimoniale des calmars. De toutes les formes de joie, d’amour et de partage que l’univers a inventé, le sexe est sans doute la plus belle. La danse du désir, de la séduction et de l’accouplement. Quelle extraordinaire création. Et le porno, humblement, maladroitement, pauvrement, est chargé de rendre compte de ça. Comme si un simplet avait reçu la mission de prendre un pinceau pour créer le plafond de la chapelle Sixtine. Mais pourquoi laisse-t-on un ahuri peindre l’univers, l’amour et le désir au lieu de confier ce travail à un maître ? Parce que les autres humains se sont détournés de la tâche, ils en ont peur. La société moderne à peur du sexe.
Alors il fait quoi, le simplet ? Il fait ce qu’il peut, sans culture, sans goût et sans talent. Et ça donne quoi ? Eh bien le paradis originel devient un tableau de la laideur, du sexe triste et moche, de l’accouplement sale et méprisant. Un site web amateur cracra destiné à faire du fric vite fait mal fait avec des bukakke sans tendresse, sans tests HIV et payés au black, sur le visage de pauvres filles hébétées qui ne comprennent pas ce qu’elles font ici, qui ont envie de pleurer en remerciant les auteurs dudit site. La gymnastique du sexe, mais avec l’argent et le pouvoir en lieu et place du désir. Sans blagues. Vous réussissez à trouver une satisfaction sexuelle dans un tel monde de laideur, vous ? Alors, vous avez un problème.
Cette histoire du sexe beau et joyeux, ça a été mon credo depuis le début. Mon étincelle de Zeus. C’est ce qui m’a fait rester dans ce métier.
A suivre…
Plus de photos et de vidéos. www.explicite.com (gratuit) ou mieux, la totale en devenant membre d’explicite-art.com.
Dans le porno, on distingue assez facilement ceux qui ont un vrai regard (ou talent) de cinéaste, qui font du cinéma pornographique et non simplement du porno. Je pense à Jack Tyler, Ovidie, et évidemment à toi, John B. Root (et j’y ajouterais bien Hervé Bodilis qui, dès qu’il sort de son cahier des charges Dorcel, peut faire de très belles choses). Des mecs que l’on pourrait imaginer (s’ils ne souffraient pas d’un si grand tabou) diriger des projets traditionnels, des clips, des choses de ce genre. En dessous il y a ceux qui ne font pas forcément que du laid, qui font parfois ce qu’ils peuvent avec ce qu’on leur donne, mais qui globalement enchaînent les erreurs, tant au niveau de la mise en scène, que du montage, de la photographie, de la direction d’acteur, du scénario, etc. A eux, aucun producteur n’irait confier un budget pour faire autre chose. Et encore en dessous, il y a les nuls, les crados, parfois amusants certes, mais qui ne font strictement rien d’autre que filmer du cul. A force de rencontres,via le site X-intime.com, j’ai compris que ça suffit à satisfaire la majorité des spectateurs qui n’en ont rien à foutre d’un ‘Mangez moi’ ou d’un ‘Histoire(s) de sexe’. Tant pis pour eux. Mais c’est triste pour le porno.
Exact, Anthony, et mon post ne visait que la troisième catégorie. C’est douloureux, parfois, comme constat. 😀
Et comme l’a dit Pierre Cavalier dans une interview qu’il a accordée à X-Intime le 15 avril 2010 : « De nombreux réalisateurs (de productions porno) se sont probablement trompés de métier. »
Anthony Sitruk : « Et encore en dessous, il y a les nuls, les crados, parfois amusants certes, mais qui ne font strictement rien d’autre que filmer du cul. A force de rencontres,via le site X-intime, j’ai compris que ça suffit à satisfaire la majorité des spectateurs. »
Jolie profession de foi (j’en ai presque la larme à l’oeil)…
Et c’est pour ça qu’ X-Intime évoque/promotionne régulièrement des choses porno à chier, des produits en aucun cas créatifs et pas forcément amusants « réalisés » par des « nullos » (pour reprendre ton expression)….
M’enfin, l’argent n’a pas d’odeur, contrairement à la merde…
Je publie, Luciano, je ne suis pas un censeur. Mais, please, pas de polémiques ici, pas de règlements de comptes. Merci.
Anthony Sitruk : » Des mecs que l’on pourrait imaginer (s’ils ne souffraient pas d’un si grand tabou) diriger des projets traditionnels, des clips, des choses de ce genre. »
Comme tu le sais déjà certainement, Seb Lemmy a réalisé quelques courts-métrages traditionnels sympas, à mon sens bien foutus, appréciables
🙂 On a grand besoin de créateurs dans le métier.