Quand je suis entré dans le métier, en 1995, il était hors de question pour moi de me servir de mes parties basses et de faire l’acteur. Certes, j’étais devenu montreur de trous de balles parce que j’étais obsédé sexuel, mais je l’assumais mal. Ma défense était : je suis réalisateur, et réalisateur je resterai. J’avais pourtant choisi cette carrière pour la même raison que la plupart des garçons : pour rencontrer, fréquenter et m’amuser avec des filles libérées, pour jouer avec le sexe, sans entraves, en toute liberté. Mais j’étais assez coincé et peureux. Je me réfugiais derrière mon objectif et je confiais aux godes et aux acteurs la mission de pénétrer les actrices à ma place. Et pourtant, comme je les désirais !
J’avais aussi peur du qu’en qu’en-dira-t-on, peur qu’on me traite de libidineux, de queutard, de producteur véreux qui use du droit de cuissage envers ses modèles. Je me réfugiais dans le rôle du monsieur propre du X, du pornographe esthète, intello, du bon technicien qui met poliment sa libido de côté. Oh, comme ce mensonge était pénible ! Il faut le savoir : filmer ou photographier un acte sexuel, c’est, pour votre serviteur, aussi intime et fort que de le vivre. Je vibre avec la fille, je la désire, je l’encourage. Quand elle frémit, je frémis avec elle, mais quand elle jouit… je ne jouis pas avec elle. Je reste seul comme un con, frustré. J’ai partagé l’intime mais l’orgasme n’était pas pour moi. Je rentre chez moi, le soir après la scène, avec les couilles douloureuses et la rage au ventre. Solitude. Désir inassouvi.
J’étais donc un pornographe intello, d’après les médias. J’étais surtout un fieffé branleur. Le prince des frustrés. Celui dont la mission était d’offrir à tous et toutes des images de plaisir sans jamais en ressentir aucun. Non, j’exagère, le métier a ses avantages, on rencontre beaucoup de filles joueuses et, dès le début, j’ai eu la chance de partager quelques bons moments avec quelques nanas, mais toujours dans l’ombre des chambres et jamais devant la caméra. Et puis un jour, trois ou quatre ans après être devenu John B. Root, une fille très charmante que je shootais en studio a eu envie de terminer sa scène en m’offrant une fellation. J’ai dit oui et, pour la première fois, j’ai filmé ma bite. Comme tant d’autres acteurs-réalisateurs. D’abord, j’ai eu honte. Ça y-est, j’étais tombé dans la trivialité. La POV. Le plaisir sans exigences formelles. Le hard bête et brutal à la première personne. La sexualité sans alibi artistique. Je l’ai refait, une fois, deux fois, dix fois. Avec un certain malaise..
Vers 2005, ma petite société a connu une crise sérieuse. Une de plus. Je me suis retrouvé tout seul dans mon grand local du onzième arrondissement. Pour sauver la boîte, j’ai créé explicite-art.com. Mais comment nourrir le site en photos et vidéos ? Il n’y avait pas un sou dans la caisse. A cette époque, les huissiers frappaient à ma porte chaque semaine pour inventorier mes possessions, l’EDF m’avait coupé l’électricité, je me chauffais et m’éclairais à la bougie. J’ai donc décidé que je ferais tout sans aide. Je serais photographe, cameraman et acteur. A ma grande surprise, ces séries photo et vidéo à la première personne ont assuré le succès de mon site. Cette époque a duré deux ou trois années.
Un jour, vers 2009, mon psychanalyste m’a demandé: « Avec combien de filles avez-vous eu un rapport sexuel ? » J’ai répondu : « Trois cents, à peu près. » Il m’a lancé un regard narquois. « Trois cents ? Donc zéro? »
Mais c’est une autre histoire. Si ce sujet vous intéresse, sachez que j’ai encore beaucoup à en dire..
A suivre…
Plus de photos, plus de vidéos ? www.explicite-art.com
Et n’oubliez pas : le numéro 21 de HOT Explicite consacré au tournage de « DES FILLES LIBRES » est toujours en kiosques. Collector !
Il y a du avoir de bons échanges avec ton psychanalyste, oui la suite avec plaisir.
Sinon, pourquoi ne pas écrire un scenario autobiographie sur ta vie ? Un biopic à la française.
Hmmmm. Je pense pas que ce soit à moi de le faire. Ca semblerait narcissique, ce que je ne suis certainement pas. Abdelatif Kechiche voulait adapter mon bouquin Porno Blues. Il a finalement renoncé.
Abdelatif Kechiche… putain pas mal, la classe. Bon j’aime pas trop le mec, mais la graine et le mulet ce n’est pas rien. En fait je n’ai pas lu Porno Blues et il introuvable apparemment.
Pour le narcissisme je comprends, c’est même un beau paradoxe mon bon monsieur : ne pas être narcissique et montrer ta bite (pour reprendre le titre du post) travailler en partie avec l’exposition de ton corps ?
« Trois cents ? Donc zéro ? »
Ça me rappelle un film, ça… 😉
Aaaah bon? Comme c’est étrange. 😀
Une vie fascinante tout de même. John sans vous demander les 300 , pouvez vous nous décrire la première et la derniere de ces filles joueuses ?
Ben… non, ce serait sans intérêt car vous ne les connaissez pas et ce serait ma vie privée qui n’est pas le sujet de ce blog:)
Si si le bouquin est dispo sur amazon:
http://www.amazon.fr/gp/offer-listing/2842710339/ref=dp_olp_new?ie=UTF8&condition=new
Et sinon je veux bien la suite des discussions avec ton psy, ça m’a l’air drôle 😉
Hehe. Ça viendra peut-être. Le psy, l’hypnothérapeute et la sorcière. Peut-être. On verra comment ce blog évolue.